RUSTICO — PAROISSE ACADIENNE 45 pale residence, parce que le vent n'etait pas favorable et que la plus grande partie du voyage devait se faire par eau. 10. — Ce ne fut done que le lendemain matin vers les cinq heures, que Ton s'embarqua par une pluie qui, depuis minuit ne cessait de tomber en abondance. La chaloupe etait munie d'hommes, de rames, devoiles, et de provisions de jbouche que pouvait admettre l'abstinence du vendredi. Le premier en- droit ou Ton devait mettre le pied etait Tracadie , nomine en anglais . C'est en effet une baie environ deux lieues de long, au fond de laquelle demeure la veuve McDonald, sei- gneuresse des lots 35 et 36, e'est-a-dire proprietaire de 40,000 acres de terre dont une bonne partie est en valeur. L 'eveque s'attendait a dejeuner chez cette dame et a continuer sa route. Mais il y fallut diner, parce qu'il n'y arriva qu'a midi, quoique la distance de l'eglise de Rasticot a cette maison ne soit que d'environ 7 a 8 lieues, peut-etre moins." Le pere Beaubien fut cure de Rustico de 1812 a 1818. II y exerca une tres forte influence comme pretre et comme pa- triote. Les premiers registres paroissiaux que nous ayons sont de lui et ils attestent son energie infatigable et son zele pour le salut des ames. En Fannee 1815 l'abbe Beaubien ouvrit une ecole dans sa paroisse. C'est la premiere qui ait existee parmi les Acadiens de l'ile. "Je crois, disait-il, que la meilleure maniere d'elever la jeunesse dans la piete, c'est de leur donner la meilleure ins¬ truction possible — faute de meilleur maitre je prendrai un certain jeune homme (Frangois Buote) que j'ai avec moi qui sait bien lire et ecrire et qui a quelques notions d'arithmetique. Je surveillerai cette ecole moi-meme." Pour salle de classe on se servait de 1'ancien presbytere, et le pere Beaubien garda Finstituteur dans sa propre maison. Les registres de la parois¬ se de Rustico montrent qu'avant Fannee 1820, seulement Jac¬ ques Pitre, Thomas Pitre , Frangois Buote et Jean Gallant sa- vaient signer. Jusqu'en 1850, il 6tait assez rare qu'un Acadien de Rustico sut signer. Le pere Beaubien aussi bien que son suc- cesseur le Pere Cecile avaient ete eleves du college de Nicolet. L 'abbe Cecile fut cure de Rustico de 1818 a 1822. Lui aussi se depensa au service, non seulement des paroissiens de Rusti¬ co, mais aussi de tous les Acadiens de l'ile. A son arrivee en 3 818, 11 fit un recensement de la paroisse et il y trouva une population de 608 personnes. Par une lettre de l'abbe Cecile a l'eveque de Quebec nous apprenons qu'en 1'annee 1822 et 1823, trente-six families de Rustico s'en allerent a Cheticamp, Grand- Etang et au lac Bras d'Or, au Cap Breton. Le Pere Cecile crai- gnait alors que tous ses paroissiens de Rustico allaient partir a cause des difficultes que le nouveau proprietaire J.- H. Win -